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One line a day

Voilà des mois qu’il trône sur ma table de chevet, ce petit livre. Lorsqu’on me l’a offert, j’ai eu envie d’en faire cadeau à mon tour à toutes les personnes de mon entourage, tellement l’idée me semblait intéressante. Il s’agit d’un journal de bord (édité par Chronicle Books ) qui couvre cinq années de vie.

Chaque page représente une journée et pour chacune d’elles cinq cadres à remplir, un par année. Au bout du compte, l’idée est de pouvoir comparer ce que l’on a noté pour la même journée, cinq années de suite. Je n’y ai pas encore inscrit une ligne et je ne crois pas que je le ferai jamais.

J’ai d’abord invoqué le désir de ne pas abimer un si joli objet. Puis j’ai prétendu attendre le premier janvier. Il me semble avoir aussi prétexté la contrainte imposée par un exercice quotidien pendant cinq longues années…

Mais évidemment, la raison est tout autre. Je suis capable de trier un sachet de confettis multicolore pour ne garder que la couleur qui m’intéresse, ce n’est pas une malheureuse ligne par jour à compléter qui me fait peur. Non. Ce livre a réveillé une drôle d’angoisse : la crainte de penser un jour « c’était mieux avant » en relisant les lignes de l’année passée. Il y a quelque chose de brutal dans cette confrontation avec le temps qui passe, une ligne de vie qui va trop loin pour moi.

Entre trente et quarante ans, c’est là que l’on construit presque tout ce qu’il y a à construire dans une vie. Sa famille, son foyer, sa carrière… Le temps passe, la vie avance et même si aujourd’hui elle me comble, je m’aperçois qu’il vient un temps où l’on comprend que cette période insouciante durant laquelle on a littéralement la vie devant soi, est derrière nous. Passé trente ans, il me semble que le droit à l’erreur s’amenuise et qu’il est plus que temps de savoir où l’on va. Consigner tout cela jour après jour, ce serait comme avoir sans répit ce tic-tac effrayant à l’esprit.

J’ai une tendresse particulière pour ces objets qui vous plongent dans un vertige de questionnement. C’est probablement là qu’ils trouvent leur véritable utilité. Et puis l’idée d’un livre toujours vierge, c’est cela qui est plein de promesse, en définitive.

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