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Dans la brume

S’il te plaît, monsieur Temps, fais-moi un peu de brume. S’il te plaît. Enveloppe, je ne sais pas moi… un pont, un jardin, les bouillons que font l’eau quand elle s’écrase autour des îles… enveloppe-les de tes nappes de mystère. Donne-leur la possibilité de se révéler à moi autrement, de m’hypnotiser avant de s’effeuiller lentement sous mes yeux pendant que ton brouillard, finalement, s’effiloche.

Laisse-moi avancer dans ta brume, et croire soudain que tout peut arriver. Emporte-moi dans ce voyage aux contours incertains.

En promenade sur les rivages d’une plage assoupie, laisse-moi croire que cette masse rouge est bel et bien une chaise offerte à la lame de l’eau, posée-là sans raison par quelque fou, peut-être. Donne-moi la chance de voir l’océan révéler devant moi, lentement, la grâce agitée de ses vagues. Cette sensation d’ouvrir les yeux après un rêve. Regarder la mer émerger du sommeil.

Offre-moi des mirages : avait-elle réellement un verre de bourgogne entre les doigts, cette femme en jaune qui prenait le métro ce matin, un attaché case à la main? Et ce renard venu de nulle part, était-il vraiment rose? Comment savoir si la musique surgie de ce poste radio n’était-elle pas le fruit de l’imagination? Étaient-ce bien deux ours, là dans la clairière, qui contemplaient amoureusement une pousse tendre née de la neige? Et ces oiseaux… explique-moi pourquoi leur envol était-il ainsi figé dans l’air, pourquoi étaient-ils suspendus, immobiles comme si l’horloge du temps s’était soudain cassée pour eux? Non, ne m’explique pas, laisse-moi rêver encore un peu.

Offre-moi la certitude d’avoir distingué des fleurs blanches épanouies pour moi seule dans les volutes vaporeuses que tu crées quelquefois. De voir surgir les choses les plus étranges :  cette troupe de petits messieurs en rouge  a-t-elle passé devant le réverbère de mon imaginaire ou simplement le long des néons pâles qui ouvrent cette bouche de métro que j’ai grand peine à distinguer parce que tu la brouilles à mes yeux?

Promets-moi de faire tomber la brume. Promets-moi.

Je resterai debout dans un champ de verdure à contempler la ville, au loin, s’élever lentement hors des vapeurs que tu auras versé sur elle. Et lorsque ton petit miracle sera accompli, j’irai me lover dans la douceur d’un grand canapé blanc. J’ôterai d’un seul geste mes souliers. En ton honneur, je m’envelopperai d’une robe gazeuse couleur de nuage. Enfin, il me faudra attendre qu’un thé fumant et les rires sonores d’une amie chère viennent disperser les derniers troubles, les derniers leurres que tu auras jeté sur moi.

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1. In my dreams Grey days are Colorful by Luis Montemayor + 2. Untitled by mara mitchell + 3. Something Sweet by [Laurence] + 4. Untitled by krisatomic + 5. Edward_del_Rosario_Contest by elguyer + 6. Untitled by Antonios M.

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1. bus stop (cheers) by lauren nassef + 2. Untitled by emily van ness + 3. works of art by m a v + 4. snowed by Dodoby Studio + 5. Untitled by nijunana + 6. apple by ruzavizefyrai

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1. Fox by Hello! from the nice places + 2. southbeach by danske +3. beach by .v photo + 4. Untitled by lun + 5. Over there… by ©14’STANDARD + 6. Untitled jaime m

12 réflexions sur “Dans la brume”

  1. Le ciel t’a entendu ce matin: il avait enveloppé la tête de notre chère Tour Eiffel dans la brume et les nuages. C’était très joli et poétique…

    Quel regret de ne pas avoir eu mon appareil photo!

    Bon week-end!!

    P.S: Comment va ton épaule?

  2. Le soleil est éclatant à travers ma fenêtre, il a réussi à transpercer la brume de ce matin… c’est moins poétique,mais bien plus gai !

  3. Très joli texte ! Je suis particulièrement friande aussi de ces instants de brume le matin qui adoucit les contours et donne l’impression de flotter dans les nuages .
    Sauf que la brume je la préfère quand on sent qu’elle va laisser place au soleil comme un rideau qui se lève avant le spectacle. C’est comme un instant en suspension. Mais quand elle dure comme aujourd’hui et que tout reste gris, ça a plutôt tendance à me donner le bourdon…
    Joli sélection d’images, comme d’habitude, ces gris colorés sont vraiment comme des caresses.

  4. Le collage « my heart is an apple » tu l’avais deja publiée :clin (oui je suis bien ton blog vois tu! :timide )

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