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Le soir du feu

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En principe, on aurait dû dormir au Motel, ce soir-là ou alors tout simplement rentrer à la maison en roulant une partie de la nuit. C’était le dernier soir. Mais il y avait encore une chose. Une chose qui s’était dérobée chaque soir pendant ces quinze derniers jours et sans laquelle il manquait indiscutablement un élément fondamental à notre périple : un feu.

C’est une véritable religion, au Québec, le feu de bois dans les campings. Là bas, chaque emplacement dispose de son coin à feu : un cercle de pierre, un brasier métallique, au minimum un creux façonné dans le sol.

Notre feu. Pour différentes raisons, ça n’a jamais été possible aux Îles de la Madeleine (trop de vent, un peu de pluie, trop d’arbres autour de nous…) alors ce soir-là, c’était en quelque sorte notre dernière chance. Toute la journée, nous avons croisé les doigts. Pour pas mal de choses en fait car il fallait non seulement que le temps nous soit favorable, mais aussi que nous trouvions un camping agréable sans dévier de notre route, de préférence avec vue sur le fleuve et que celui-ci dispose d’une place libre pour nous. C’est comme ça, à la faveur d’un petit coup de pouce du destin, que nous avons fait notre dernier arrêt du voyage ici, au camping de l’Islet sur mer, un peu avant Québec.

Nous sommes arrivées avec le soleil couchant et il a fallu argumenter longtemps auprès de la personne de l’accueil pour la convaincre de nous installer sur cet espace, le plus beau du camping, juste devant le fleuve.

Je ne compte pas les fois où l’on nous a fait remarquer que l’on se ressemblait, toutes les deux, durant ce voyage. Comme deux sœurs. C’est amusant parce qu’il n’y a pas deux personnes plus différentes au monde que nous deux. En tout cas, ce soir-là, ça n’a pas manqué. Et je ne sais pas pourquoi, c’est ce qui nous a rendu sympathiques à la dame de l’accueil. Lorsque nous avons répondu « non, mais oui, c’est tout comme. On est des cousines-soeurs. » Je suis presque sûre que nous avons fait écho à quelque chose de sa propre histoire, car en une seconde, toutes les barrières sont tombées et elle nous a cédé – pour presque rien – le magnifique emplacement au bord du Saint Laurent. Sans raison apparente : un cadeau.

Nous nous sommes installées avec ce sentiment de victoire indescriptible qui vous prend, quand vous avez l’impression que l’on auriez pu passer à ça, de votre belle soirée. Avec l’habitude de camper et décamper (aux îles, nous avons changé d’emplacement presque tous les jours), il ne nous a pas fallu plus d’une demie heure pour dresser notre petit campement dans le soleil couchant. Pendant que s’allumaient au loin, les unes après les autres, les petites lumières des maisons alentours, nous avons fait une grande salade avec les quelques légumes qui nous restaient – des poivrons du jardin de papa, quelques noix du marché Jean Talon, des pois chiche et la dernière gousse d’ail du jardin de Johanne et Pierre. Une salade pleine d’amour en quelque sorte. Ensuite, nous avons largement trinqué à ces dix jours que nous venions de passer ensemble.

Comme toujours, on a ri trop fort, je ne sais même plus pourquoi, en buvant autour du feu le chocolat chaud le plus mauvais de tout les temps. Celui qu’on avait pourtant gardé tout exprès pour le dernier jour, espérant une sorte d’apothéose gustative. Après ça, on s’est contenté d’ajouter les bûches qui nous restaient, progressivement, jusqu’au dernier copeau de bois, allongées toutes les deux sous les étoiles. Profiter du moment, profiter du moment, profiter du moment, prof… et hop dernière étincelle, c’était déjà fini. Trop tôt, évidemment.

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12 réflexions sur “Le soir du feu”

  1. l’Islet sur Mer ! ah quel bon souvenir ! il y a une boutique spécialisée en épices là bas. ils servent des « pacances » (noix de pécan) enrobés dans un mélanges d’épices, avec une assiette de fromages de l’ile aux oiseaux. et leurs thés sont délicieux. mmmmm merci pour ton article.

  2. Haha ! Je n’avais jamais réalisé que le feu en camping au Qc c’est presque une religion ! Mais, c’est vrai, faire du camping sans regarder un feu brûler en soirée, ce n’est pas pareil du tout…;)

  3. Je confirme pour le fait qu’au Québec, faire un feu est presque comme une religion! Quelle belle soirée vous avez l’air d’avoir passé! :-)

  4. Ces photos sont vraiment parlantes et tellement belles ! Elles respirent l’authenticité. On s’y croirait.

  5. Chere Anne so, j’ai trop aimé suivre votre road trip à M. Et toi … Je savais que vous deviez partir toutes les deux et je suis très contente d’avoir pu suivre quelques unes de vos épopées. Tes photos sont magnifiques.
    Je réalise comme passer du temps avec M me manque… Je suis sûre que vous avez profité de chaque instant et je me réjouis pour vous!
    À bientôt, peut être devant art et thé … Je t’embrasse bien fort
    Anne

  6. Ça fait tellement envie de profiter d’un feu de camp et de passer une longue soirée à la belle étoile (:
    Ça me rappelle mon enfance et les veillées quand je partais en colo. Depuis, je n’ai jamais eu l’occasion de refaire un feu, juste pour en profiter un peu.

  7. ohhhh, avez-vous fait un arrêt au parc du Bic ?
    superbe parc avec des sentiers à couper le souffle….et celui à St-André est magnifique…..
    je confirme…un feu de camp est essentiel quasi obligatoire !

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