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La vie, un an plus tard

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J’ai pris cette photo il y a un an, jour pour jour. Nous sortions de chez le notaire et nous venions de signer l’achat de notre appartement. Nous avons acheté une bouteille de champagne bon marché et des verres en plastique à la supérette la plus proche, avec aussi des chips et du fromage. Puis nous avons filé à l’appartement pour célébrer cette nouvelle étape, dans notre vie. Celle qui clôturait définitivement les quatre années difficiles que nous venions de vivre.

L’appartement était vide et les sons résonnaient contre les murs, mais il faisait doux et beau, et les feuilles des arbres chantaient dans le vent. Je me souviens qu’entre autre choses, ce soir-là, nous avons passé un long moment allongés sur le sol à fixer le plafond qui se colorait de rose, à mesure que le jour déclinait. Et à sourire sans trop y croire. C’était un de ces moments où tout semble fragile, irréel et où l’on n’ose pas faire trop de bruit de peur que le destin, finalement, se ravise.

Je me souviens avoir pensé qu’enfin, après ces années d’errance – au sens propre comme au figuré – on pouvait poser nos valises. De la profondeur de ce soulagement.

Et puis, tranquillement, nous avons investi les lieux. Nous avons pris l’habitude d’être bien ici. Tout est devenu naturel. Simple. Et, un an plus tard, même si nous avons aussi connu notre lot de mauvaises surprises, je mesure tout ce que ce déménagement a apporté de bon, dans notre vie. Vivre dans cet espace baigné de lumière, entouré d’arbres… c’est un plaisir quotidien dont je ne pense pas que je me lasserai jamais, et il ne se passe pas un jour sans qu’un élan de gratitude ne vienne me chatouiller le coeur.

En regardant cette image, je pense à ce jour où, tristes comme la pluie, nous avons pris la décision d’aller vivre « en banlieue » avec une impression de « faute de mieux », ignorant totalement que c’était là, précisément, que nous allions trouver notre équilibre. Je pense à cette angoisse à l’idée de l’emprunt que nous allions contracter. À l’impression que nous n’allions jamais trouver LE lieu qui était fait pour nous. Et à la peur de vivre dans cet espace intermédiaire qui n’est ni Paris, ni la Province et qui m’a longtemps semblé n’avoir que les défauts de ces deux opposés, sans avoir le charme ni de l’un ni de l’autre… Une fois encore, comme à chaque fois, la vie me prouve que nous pouvons nous féliciter de ne pas avoir laissé nos peurs, nos angoisses et nos incertitudes nous barrer la route.

Cette image est la toute première photo prise depuis la petite fenêtre de notre chambre (que j’adore parce qu’elle ressemble un peu à une cabine de bateau). Depuis un an, c’est un peu un rituel entre nous : lorsque l’un de nous deux remarque que le plafond rosit, on monte ensemble regarder le soleil qui se couche. Et… Eh bien je crois sincèrement pouvoir dire qu’on est heureux.

27 réflexions sur “La vie, un an plus tard”

  1. J’ai vu ta photo ce matin en me levant sur IG et l’ai trouvée magnifique.
    Ton texte est très beau lui aussi. Je suis une persuadée que « cet espace intermédiaire n’est ni Paris, ni la Province et qu’il a les défauts de ces deux opposés, sans avoir le charme ni de l’un ni de l’autre… ».
    Tu réussirais presque à me faire douter :-)
    Il est important d’être bien là où l’on est, où que ce soit, même si l’on s’est évertué(es) pendant des années à expliquer que « Oh grand jamais nous n’irons là-bas ». L’essentiel (à mon sens) est dans le maintenant tout en gardant dans la tête d’où l’on vient. Ton texte en est un très bel exemple.

    Elise

  2. Nous sommes dans une phase d’incertitude, vendre mais pour aller où ? das nos esprits pour mieux évidemment mais est-ce que l’herbe sera bien plus verte à quelques rues près. Une plongée dans le flou de laquelle on espère vite sortir.

    Ton billet me donne de l’espoir.

  3. C’est très beau, comme d’habitude. Et j’aime beaucoup cette idée qui est de faire fi de tous ces préjugés, de tout ce qu’on peut entendre en général : on a trop souvent cette note péjorative dans le mot « banlieue ». Et finalement, s’il n’y avait que Paris – banlieue – Province. Sauf que la vie en général, est faite trop souvent d’a priori. Ton billet est plein d’espoir, plein d’espoir parce qu’on peut définitivement prendre la vie différemment. Merci pour ça.

  4. Superbe photo et merci pour ce si joli post ! Nous vivons également en banlieue, « tout au bout de la ligne B du RER », et on me regarde encore avec de grands yeux perplexes quand j’affirme que je ne pourrai pas vivre à Paris. Et pas uniquement pour des raisons financières, mais parce que nos trois têtes blondes jouent pieds nus dans le jardin, parce que je fais des confitures avec les prunes qui y poussent et que chaque soir, quand je rentre du travail (qui, lui, se trouve à Paris), je respire et je revis dans ce coin de verdure dans lequel nous sommes si bien… #banlieueforever est mon # préféré sur intagram (sarabelette) ;)

  5. C’est beau, ça fait du bien de lire ça car je pense qu’on peut toutes se retrouver plus ou moins dans ce que tu as écrit. J’en avais les larmes aux yeux à la fin. Ce n’est pas facile de poser ses valises et de trouver sa place, le fait que tu aies trouvé me donne l’espoir de trouver la mienne bientôt. Merci.

  6. J’aime beaucoup votre article.
    La vie nous surprend souvent et quand c’est pour le bonheur profitons en!
    Je suis actuellement en plein changement de vie, d’appart, de lieu de vie… votre article me met le baume au cœur. Merci!

  7. Pour une fille qui vient tout juste de devenir propriétaire (en fait je ne réalise pas encore!), ce billet résonne très fort en moi.Je ressens ces mêmes frissons que toi, même si on ne déménage pas dans la banlieue montréalaise… On fait le grand saut avec son lot d’incertitudes et d’angoisses…
    Ton billet est superbe (comme tous les autres) et félicitations pour cette belle année ! Je vous en souhaite plein d’autres !

  8. Le mot « banlieue » est moche et est associé à du triste, du gris, du morne, du « entre deux chaises » (ou deux lignes de rer), alors que finalement, la qualité de vie doit y être bien meilleure qu’à Paris. Les « alentours » de Paris ça sonne plus joli non? Ou les alentours de la Province? Je ne connais donc pas ces alentours, mais j’imagine qu’il doit y avoir une vie plus « villageoise », où les liens et les gens sont plus sincères ou plus vrais, non?
    Je me souviens qu’il y a quasiment un an, je répondais à ton post sur la Bretagne et ton envie de pouvoir te sentir en vacances au quotidien… Je me disais que ce n’était qu’un point de vue de l’esprit, et que finalement ce n’était pas le lieu le problème ou la solution, mais la capacité à vivre l’instant, chose que je n’arrivais pas vraiment à faire à l’époque, trop centrée sur des soucis liés à mon voisinage.
    Mais depuis j’ai déménagé, à quelques rues de mon ancienne maison, pour me retrouver dans une petite maisonnette au fond d’une cour privative, dans un quartier très calme, avec des bananiers. Et bien tous les jours, je me réjouis de cela (du calme, de mon ptit lopin de terre et de mes bananiers) alors que dans mon ancien appart, tous les jours je maudissais mes voisins étudiants (et trèèèès festifs) et la banane d’en face (une vraie commère). Et tous les matins, pouvoir se réjouir de se sentir vraiment chez soi influe sacrément sur l’état d’esprit de la journée à venir…! Comme quoi, le lieu est aussi très important pour le bonheur.
    Et puis j’ai pris de la graine de ton post: favoriser les moments plaisirs pour être un peu plus heureuse. Ici je retrouve le plaisir de cuisiner sans me cogner dans le mur d’en face, de coudre sur un grand bureau, de lire sur mon canapé sans subir la musique des voisins, de profiter de bains de soleil sans me sentir épiée…
    Comme quoi le lieu est aussi très important pour apprécier pleinement les petits moments de bonheur!
    Et je suis ravie que tu aies trouvé ton Home Sweet Home!

  9. Ton texte est magnifique, et comme toujours, raisonne en moi! Je suis partie de mon Paris natal pour une banlieue fleurie qui doit surement ressembler à la tienne vu ce que tu nous en dit. J’étais terrorisée en prenant cette décision, mais 2 ans plus tard, je me rend compte que c’est la meilleure chose que j’aurais pu faire. Quand je prend mon thé matinal sur le balcon ensoleillé, entourée d’arbres ou que je rentre le soir au bruit des cigales je me dis que c’était la meilleure décision que je n’ai jamais prise! (oui oui, des cigales, en ile de France, j’ai halluciné aussi la première fois que je les ai entendu)

  10. Cette histoire de plafond qui rosit me plait beaucoup beaucoup, je vous souhaite encore une infinité d’années de bonheur, dans ce joli ici, ou ailleurs !

  11. C’est bon de pouvoir dire qu’on est heureux! C’est un luxe qui n’a pas de prix :-)

  12. Tu as de la chance.
    Moi, quand les relations affectives ont été troublées quelques temps, cela n a pas été récupérable. L homme était déjà parti avec une autre.

  13. Nous aussi avons emménagé il y a 1 an dans notre nouveau chez nous (en province), le 1er acheté à 2, et même si l’aménagement n’est pas tout à fait terminé (foutu canap introuvable !), on est heureux chez nous.
    Et ma soeur vient d’acheter une maison tout près de chez toi je crois ;-)

  14. Quelle jolie photo, et quel joli billet. Je suis heureuse que vous ayez trouvé un équilibre dans ce chez vous. Le partage de votre moment de bonheur quand le plafond devient rose m’a beaucoup émue. C’est le partage de ces petites choses avec les gens qu’on aime qui éveille des sentiments de bonheur intense! Peu importe l’endroit depuis lequel on le partage :)

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