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Le secret des jonquilles

Dans l’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui, il est question de grands arbres, de jonquilles et d’appareil pulmonaire. Où comment une suite de petits événements apparemment anodins nous invite parfois à une lecture inédite de notre petit monde.

Ça s’est passé l’année dernière. Nous revenions, avec mon mari, d’une longue marche au bois de Vincennes. Je dirais que nous étions en novembre car les arbres étaient déjà nus et ça a son importance, pour la suite.

C’était la période où nous avions pour livre de chevet commun La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben (il arrive que nous nous fassions mutuellement la lecture). Cet essai ne cessait de nous enchanter et grâce à lui, notre regard sur les arbres environnant se transformait à mesure que les pages défilaient, d’un chapitre chaque jour. Savez-vous par exemple que les arbres adultes protègent les plus jeunes? Non seulement ça : ils les éduquent ! Et, croyez-moi, on n’emploie pas la manière douce au royaume sylvestre !!  Voici ce qu’en dit Peter Wohlleben :

Les petits arbres ne demandent qu’à se développer ; grandir de 50 centimètres par an leur conviendrait très bien. Malheureusement, leurs mères ne sont pas d’accord. Elles recouvrent leur progéniture de leurs immenses houppiers qui, avec ceux des arbres adultes voisins, forment un toit épais au-dessus de la forêt. Seuls 3 % des rayons du soleil filtrent jusqu’au sol, et donc jusqu’aux feuilles de leurs enfants. Trois pour cent, ce n’est pratiquement rien. Cela permet tout juste une activité photosynthétique suffisante pour maintenir un végétal en vie. Croître en hauteur ou gagner en épaisseur n’est donc pas envisageable. Et comment se rebeller contre cette éducation à la dure quand on n’a pas d’énergie ? Cette éducation ? Oui, car il s’agit d’une mesure pédagogique dont le seul but est le bien-être des jeunes. »

Et il ne s’agissait là que d’une anecdote parmi d’autres. On apprit par exemple que les arbres savent aussi se défendre contre les agresseurs, communiquer entre eux, s’organiser en groupe, collaborer. Un monde absolument nouveau s’ouvrait pour nous. Durant cette période, chaque heure de marche comprit son lot d’émerveillement et d’observation.

Mais je me souviens de ce jour particulier où j’ai eu le sentiment de faire le lien.

Devant moi s’élançaient les branches innombrables et frémissantes d’un grand chêne ; elles ressemblaient à s’y méprendre aux dessins anatomiques d’un réseau de circulation pulmonaire. Et en un instant, il m’a semblé ressentir à quel point nous étions apparentés, lui et moi. Je me rappelle cette impression de comprendre quelque chose d’essentiel : ainsi nous étions cousins. Vraiment cousins.

Dès l’instant suivant hélas, un peu comme lorsqu’on se souvient des bêtises proférées lors d’un dîner trop arrosé, je me sentais parfaitement idiote et ravalais bien vite cette illumination, éteinte plus vite encore qu’elle n’était venue. Cousins, quelle idée 🙄

Mais je n’étais pas au bout de mes surprises. Quelques mois plus tard, j’ignore par quels détours je découvrais cette fois le secret des jonquilles. Le connaissez-vous? Eh bien figurerez-vous que nous avons un point commun, elles et nous.

Et pas n’importe lequel. 

Nous partageons 35% de gènes communs ?! Par nous je ne veux pas dire « les auteurs, les doux dingues, les saltimbanques et toute la clique des rêveurs », mais bel et bien « nous, les humains ». Ce chiffre ne vient pas de n’importe où : c’est Evelyne Heyer, professeur en anthropologie génétique au Muséum d’histoire naturelle, qui nous l’explique. Rien moins qu’un tiers de gènes communs ! Et la preuve concrète, cette fois, que nous sommes bel et bien de lointains cousins. De manière aussi terre à terre que un et un font deux, il existe entre nous un ancêtre commun.

Et voilà tout à coup une drôle de manière d’envisager le monde, ne trouvez-vous pas ? Un nouvel ordre, qui nous place tous sur un pied d’égalité. Le règne vivant au complet, sans distinction d’importance ou de pouvoir. Quelle révolution, mes amis !

Et ce n’est pas tout : j’aime l’idée qu’on puisse employer la manière savante aussi bien que la manière intuitive pour parvenir aux mêmes conclusions ;-) 

Dernièrement, et dans la même veine, c’est « l’intelligence des plantes » de Sefano Mancuso et Alessandra Viola qui nous a subjugués en nous apprenant par exemple que les plantes possèdent les mêmes sens que l’homme : la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat. Mais si ce n’était que ça :

 … la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat. Chacun d’entre eux s’est développé de manière « végétale », cela va de soi, mais n’en est pas pour autant moins fiable. Est-il légitime de penser qu’elles sont, de ce point de vue, semblables à nous ? Loin de là : elles sont beaucoup plus sensibles et disposent même d’une quinzaine de sens en plus des nôtres. »

Une quinzaine de sens en plus des nôtres. Voilà qui laisse rêveur, non? À jeudi prochain !

Anne-Solange​

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Pour aller plus loin voici les livres et articles dont il est question ici

☞ La vie secrète des arbres* de Peter Wohlleben
☞ Cet article du Musée de l’homme, « Qu’avons-nous en commun avec la jonquilles? » (je vous encourage aussi à découvrir la série complète des questions farfelues et passionnantes de leur dossier l’homme en questions)
☞ L’intelligence des plantes* de Sefano Mancuso et Alessandra Viola

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