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Une aventure

Regate

On a coutume de dire que les événements improvisés sont toujours les meilleurs. C’est certain, l’inattendu d’une belle soirée en crée inévitablement la magie. On ne dit pas tant de bien des instants programmés : les noëls, les jours de l’an, les anniversaires n’ont pas toujours bonne presse à cause, précisément, de leur petit côté « puisqu’il faut faire la fête ». Pourtant…

Ce week-end, avec certains membres de la petite troupe de personnes qui me passe près du cœur, nous nous étions inscrits à une régate. Toute la semaine dernière, nous avons trépigné à coup d’échanges de mails, de coups de fils entre deux bouchées à midi, et autres messages destinés officiellement à affiner l’organisation du week-end, officieusement à titiller notre enthousiasme. Qui arrive à quelle heure? Qui sera sur quel bateau? Et d’ailleurs quel genre de bateau? Et puis au fait, qui va chercher untel? Tous ces petits mots destinés à s’assurer qu’il y aurait de la place pour tout le monde dans la voiture, programmer mille fois le lieu et l’heure des retrouvailles… et à nous dire entre les lignes qu’on était impatients d’être enfin rassemblés.

J’ai eu l’occasion de me rendre compte de toute cette joie éprouvée à y penser durant la semaine, parce que nous avons manqué le train, avec mon équipier de choc. Nous avons failli tout rater : le train, la régate, tout. Je me rappelle avoir pensé, alors que je croyais que nous resterions coincés à Paris : « allez ma grande, tu as au moins eu le plaisir de l’avant, celui d’entendre ton frère aboyer au téléphone que non, t’as pas le droit de faire ça, que c’est pas possible d’être pas là démerde-toi et de voir tes grandes chéries se mettre en quatre pour vous trouver une gare, un train, n’importe quoi pour que vous soyez là ».

J’ai réalisé que ça faisait un moment, finalement, que notre aventure avait commencé et qu’en réalité, nous étions tous déjà ensemble.

Samedi matin, malgré l’heure bien trop matinale pour l’odeur des rillettes (que de surcroît, je ne mange pas), l’acte tout simple de préparer les sandwiches était une petite fête. À neuf heures, sur la plage, personne n’avait besoin d’un petit coup de pouce : l’étincelle d’enthousiasme avait déjà embrasé notre humeur depuis belle lurette. Tout n’était que plaisir : ne rien comprendre aux instructions de parcours, un problème de safran de dernière minute, le suspense causé par un temps incertain, les plans bis en cas d’annulation… Sous leurs allures de petits couacs, ces micros événements ne faisait que grossir les mille et uns détails de nos futurs récits.

Soudain, ça a été la course. Le maintenant pour lequel nous étions rassemblés. C’est fou tout ce qu’en une heure trente on peut accumuler en détails, anecdotes et autres faits d’armes plus où moins glorieux, pour alimenter les conversations ensuite et se refaire le match dix fois, vingt fois, après avoir franchi la ligne d’arrivée.

Car après, il y a bien sûr ce truc spécial commun à toutes les compétitions, quelles qu’elles soient : quand on rentre au bercail et que chacun raconte son parcours en détail, parce que personne ne veut que ce soit déjà fini : les « mais qu’est-ce qui s’est passé sur la ligne de départ? » , les « qu’est-ce que vous avez foutu sur le dernier bord? » et autres « nous c’est au vent arrière, qu’on a perdu du temps ». Évidemment, c’est aussi le temps de la mauvaise foi, des chicaneries (« hey, ça va, vous aviez un stick ») qui donnent naissance à ces blagues que personne, à part nous, ne comprendra jamais, que l’on usera jusqu’à la moelle – au moins jusqu’à l’année prochaine – en souvenir de cette journée passée ensemble.

Les récits des exploits de chacun et les verres bien remplis font que l’on se transforme tous, au fil de la soirée, en de petits héros. C’est au moment de la raconter que l’aventure devient une Aventure et que se dessine ce petit point, dans la mémoire. Ce petit point sur lequel il suffira d’appuyer, plus tard, pour invoquer cet instant et trouver le sourire.

Alors c’est certain, lorsque tout est prévu à l’avance, le risque est toujours là que l’ambiance n’y soit pas. Il suffit parfois d’un pénible pour qu’aucune étincelle ne s’éveille et que l’on en arrive un peu facilement à cette conclusion sur les moments improvisés qui sont toujours tellement plus réussis. Mais alors que je regarde, commente et me réjouis depuis deux jours à chaque nouvelle image publiée sur Facebook, je ne peux m’empêcher de constater que l’improvisation ne nous donne pas souvent tout ça. Alors prenons le risque et organisons de belles choses, nom de nom !

Petite note de bas de page : vous allez finir par croire que je suis une navigatrice accomplie. Je me dois malheureusement de rétablir la vérité, même si, au fond, cela n’a pas grande importance. Nous n’avions qu’un objectif, pendant cette course : ne pas casser le bateau, et ne pas nous casser nous-mêmes. Franchir la ligne d’arrivée n’était qu’une vague option. Arriver quinzièmes sur un peu moins de vingt cinq bateaux, un événement inespéré et totalement fortuit.

Deuxième petite note de bas de page : la photo en illustration n’a rien à voir avec la régate, c’est une photo prise l’an passé d’un petit bateau qui rentrait au port et que je trouvais beau, avec son spi couleur framboise.

3 réflexions sur “Une aventure”

  1. Il est parfait ce petit bateau à spi framboise. Je n’ai jamais fait de régate, mais je vois bien ce que tu décris, ça me fait un peu le même effet, quand je vais passer un pont du 15 août en famille au complet dans le Morbihan, on a inventé une fête exprès, la fête de quand tout le monde est là, c’est prévu à l’avance, c’est organisé, tout le monde fait en sorte d’être de bonne humeur, mais c’est quand même magique à chaque fois ♥

  2. Tu as su transcrire en des mots simples mais beaux ces moments de franche camaraderie, les fous rires, les vannes plus ou moins vaches, et au final des souvenirs impérissables de moments qui n’ont rien de si extraordinaires mais qu’on ne saura jamais oublier !

  3. Christelle J.

    c’est vrai je me disais : quelle navigatrice ! quelle fille de la mer ! moi, je viens des montagnes, d’un autre univers donc, mais j’aime bien découvrir « le monde marin » à travers ton blog. et tes photos : tellement belles, précises, douces, nettes, lumineuses, bien cadrées… suis fan ! tu maîtrises super bien ton appareil photo.

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