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L’orgue de Barbarie

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Un orgue de Barbarie. C’est cette petite musique à demi terrifiante de La cité des enfants perdus qui vient chercher la poésie exactement où elle se cache en vous.

Ce sont les sons éthérés et lointains d’une fête foraine idéalisée, de celles qui n’existent nulle part ailleurs que dans nos imaginations et qui font que chaque fête foraine est toujours, dès l’instant qu’on a passé l’entrée, une petite déception.

C’est l’allure nonchalante et joyeuse d’un garçon sympathique qui actionne la manivelle en souriant, avec l’air bienheureux de ceux qui vont là où leurs pas les portent sans se soucier de rien. Un garçon vagabond qui fait fondre les filles avec cet air unique de ne rien pourvoir leur promettre.

Ce sont les notes venues d’une autre époque, qui nous rapprochent d’un passé que nous réinventons tout à loisir ; trop heureux, finalement, de ne pas l’avoir connu. Une voix de femme un peu crécelle, du noir et blanc, un clair obscur, et autres rassurants clichés. Comme si, dans les flonflons de la fête, les ruines de la guerre étaient elles aussi une image d’Épinal…

Un orgue de Barbarie, c’est la chanson trop mécanique qui accompagne les fêtes de village et l’odeur du purin que, pendant les vacances, on se sent presque prêt à juger agréable aux naseaux. Ce sont les  ritournelles entêtantes que l’on connaît de toute éternité sans les avoir jamais apprises et que l’on entend dans ces bals populaires qui fleurissent en été, auxquels on ne fait que rêver de se rendre, sans intention réelle d’aller y danser pour de bon.

Un orgue de Barbarie, c’est tout cela.

Mais avant cela, c’est aussi le travail minutieux d’un homme passionné par le bois et les notes. Par la fête, le désir de propager de la gaité. Un homme porté par la magie paisible et terre à terre des choses simples : un peu de vent, quelques colonnes de bois, un soufflet, du carton perforé, une manivelle…

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16 réflexions sur “L’orgue de Barbarie”

  1. Il est beau cet orgue de barbarie ! je me souviens d’un événement où je travaillais… près d’un orgue de barbarie. Insupportable au début, on s’était peu à peu habitué à ses sons et c’est devenue aujourd’hui un excellent souvenir.
    bise

  2. C’est aussi la nostalgie de ces nobles métiers artisanaux qui malheureusement se perdent. Très jolie mise en mots et en images!

  3. L’orgue de Barbarie, c’est surtout pour moi le souvenir du magnifique film de Jeunet… Est-ce Delicatessen ou La Cité des Enfants Perdus ? Je pense que c’est le second =)

  4. Celui au je préfère est celui actionné par un vieil homme au sourire immuable, à l’une des entrées des Galeries Haussmann. Son petit chat qui l’accompagne, confortablement lové dans un petit lit fait fondre à chaque fois mon petit coeur. :coeur

  5. Très bel orgue, c’est rare qu’ils soient si beaux… Le plus souvent, nous n’avons droit qu’à un vulgaire appareil ayant déjà bien vécu, posé au hasard à l’angle d’une rue, dont le bois dépossédé de son vernis reste terne et triste.

    Merci pour cet article qui décrit si bien nos petits moments nostalgiques sur des souvenirs imaginaires que nous idéalisons à notre gré, je trouve que tu as très bien décrit ce « moment ».

    Bises !

  6. Quel plaisir de te lire. Merci pour ce petit moment empreint de poésie, qui reflète si bien tout ce que represente un Orgue de Barbarie.

  7. Il est vraiment très beau cet orgue..
    Cela dit, leur musique m’a toujours fait peur, « cette petite musique à demi terrifiante » comme tu le dis si bien qui me glace le sang. Cela dit, l’objet et superbe.

  8. Oh, il est magnifique… Mon Papy en a construit un de ses mains il y a un ou 2 ans, comme ça, pour se faire plaisir, et je trouve ça merveilleux qu’un vieil homme, ancien menuisier, se lance dans ce genre de projet… Avant cela, il avait construit un téléscope (qui fonctionne parfaitement, tout comme l’orgue de barbarie).
    J’aime le travail de ces artisans, et je mesure toute l’intelligence, tout le savoir et le savoir-faire qu’il faut pour mener à bien ces jolis rêves.

  9. L’orgue de barbarie pour moi, c’est ce petit garçon accompagné de son papa qui passait dans ma rue tous les dimanches matin, quand j’étais enfant…

  10. Petitelouise

    Ah, l’orgue de barbarie… C’est le domaine de mes amis très chers (si chers que je les appelle mes parents adoptifs, il faut dire que l’écart d’âge le justifie). Ils les fabriquent, les restaurent, etc etc. Si c’est un domaine qui t’inspire, et que tes pas passent par Toulouse, je te mets en contact avec eux. Ce sont des gens formidables, poètes à leurs heures, et à la tête d’une collection merveilleuse… En plus des orgues de barbarie, on trouve dans leur atelier des animaux de manège, des automates, bref, je pense que tu t’y plairais… ;-)

  11. A ma connaissance il reste trois noteurs (les personnes qui fabriquent les cartons pour orgues de barbarie) en France. J’ai la chance de connaitre l’un des trois, Antoine Bitran, et c’est tout à fait fascinant de visiter son atelier et l’entendre expliquer son métier… Merci pour ce billet !

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